
Exposition collective du 14 juin 2025 au 4 janvier 2026
Commissariat Frank Lamy
MAC VAL
avec Aïda Bruyère, Camille Brée, Chadine Amghar, Coco de RinneZ, Emma Cossée Cruz, Garush Melkonyan, Grichka Commaret, Hugo Vessiller—Fonfreide, Jordan Roger, Kim Farkas, Lassana Sarre, Loreto Martinez Troncoso, Maïlys Lamotte-Paulet, Mario D’Souza, Raphaël Maman, Rebecca Topakian, Richard Otparlic, Sarah-Anaïs Desbenoit, Tohé Commaret, Yann Estève. Et Mehryl Ferri Levisse

S’il ne voit pas encore l’avenir, Richard Otparlic semble pourtant être extra lucide lorsqu’il s’agit de mettre en lumière les travers de sa génération, de manière à la fois satirique et bienveillante. Ses œuvres sont de celles dans lesquelles on se love au premier regard, attendris par la douceur apparente des tissus utilisés et leur palette ultra colorée. Mais ne nous y trompons pas : ses Sleeping Beauty, série de figures masculines assoupies, sont bien les seules qui se laissent endormir. Les personnages qui peuplent ses peintures sur tissus et ses tapisseries au format XXL, tiennent plutôt du détournement. Lèvres gonflées à l’extrême, fesses bombées et pecs parfaitement musclés se mêlent dans des scènes érotiques volontairement kitsch, questionnant par ce biais l’hypersexualisation des corps dans la communauté gay. Certaines de ces silhouettes semblent pourtant déroger aux normes de beauté véhiculées par les réseaux sociaux. Peaux multicolores et performances de genre fluides viennent troubler une représentation uniformisée du corps masculin idéal. Ainsi créées, ces créatures interrogent une injonction paradoxale, entre body positive et promotion de corps modifiés par de nouvelles chirurgies en vogue, en témoigne l’émulation actuelle autour du BBL (Brazilian Butt Lift).
Richard Otparlic ne s’extrait pas de ces considérations. À l’instar d’un Narcisse 2.0, il se penche sur son reflet contenu dans les 5,8 pouces de son écran de téléphone, et y découvre une matière première à exploiter : sa propre image. Il utilise ses autoportraits comme un espace de résistance qui permet l’expression de récits et romances queer. Partout dans ses œuvres, l’artiste transpose son regard en amande, mi-sassy mi-enjôleur et défit les spectatrices et spectateurs de se joindre à ces (s)cènes lascives. Il se réapproprie des décors empruntés à l’histoire de l’art et réinvente les classiques de la peinture occidentale. Bercé par des références Gen Z, l’artiste puise dans un imaginaire LGBTQIA+ duquel découlent des jardins des délices et des banquets dyonisiens sous acide.
Richard Otparlic prolonge sa réflexion sur les codes de représentation et les normes de beauté en s’emparant du phénomène des vidéos de développement personnel. Il en reprend les éléments de langage en les parodiant avec des conseils absurdes, voire cinglants. « Everyone is beautiful, I am perfection » remplace ainsi dans une de ses œuvres l’habituel « Be the better version of yourself ». L’artiste fait dialoguer ces pseudo discours de coaching avec la pratique de l’astrologie et l’art divinatoire, univers dont il s’est largement inspiré pour plusieurs de ses projets, dont un tarot de Marseille ré actualisé avec des personnages inclusifs et célébrant l’esthétique camp.
Le penchant de l’artiste pour l’accumulation se manifeste aussi à travers ses compositions textiles où strass, paillettes et organza côtoient des dessins vectoriels identifiables au premier coup d’œil. Issu d’une famille roumaine orthodoxe, Richard puise une partie de ses influences dans les lieux de cultes surchargés d’ornements dorés et dans les motifs floraux qui saturaient les murs de sa maison d’enfance. L’artiste immerge les publics dans cet univers en utilisant des broderies héritées de son arrière-grand-mère et déployées dans l’espace sous la forme d’installations vaporeuses et surplombantes. Par ce jeu d’échelle, Richard Otparlic érige ses créatures au rang d’icônes, créant une hybridation entre références traditionnelles et populaires.
Noémie Blondeau & Emma Mercier, 2025

Vue de l’exposition Forever Young, MAC VAL, 2025-2026
(à gauche + papier peint) Fais de beaux rêves (bleue) + Motif RichardbyRichard « Fais de beaux rêves (bleue) », 2022-2025, 190x150cm, acrylique sur drap roumain brodé de ma Grand-Mère
(au centre) Richi Channel Guidance + Le Nectar de Richard,
Vidéo d’animation 8’04’’, Céramique diamètre 50cm, Fortune cookies revisités personnalisés, 2023
(à droite) Les 7 péchés capitaux (Les 12 Promesses – La Vie Terrestre 2/4), 2025, 152x203cm, tapisserie jacquard numérique
Photo ©Aurélien Mole
